Hidden weed

by Sarah Perrin, March 2022

This box of tampons containing weed and rolling papers belongs to Stephanie. Stéphanie is a 23 years old student in Bordeaux. She smoked her first joint at 13 and tested MDMA at 18, then hallucinogenic mushrooms. She smokes cannabis daily and sells a little, on a social supply model. When Stephanie goes out to party in nightclubs or at festivals, she hides her weed and rolling papers in a box of tampons, betting on the fact that the police or security guards won't dare open :

 “When they ask me to open my bag there are my tampons and pads. So they are very embarrassed, and they never search the rest (…) because it makes them uncomfortable”

All drug users and sellers hide the illicit substances they carry, but this gendered concealment strategy is particularly interesting because it mobilizes objects linked to the taboo of the female body (in this case, menstruation). Anything that evokes the feminine takes police’s attention away. Stéphanie has understood this and plays with it.

Weed and rolling paper in a box of tampons2022

A box of tampons with weed and rolling paper inside

Sarah Perrin / Université de Bordeaux

Du cannabis et des feuilles à rouler cachés dans une boîte de tampons

Dans le cadre de ma thèse en sociologie qui porte sur les trajectoires de femmes insérées socialement dans les mondes de la drogue, j’ai rencontré près de 50 usagères et vendeuses de drogues insérées socialement, à Bordeaux et Montréal. J’ai aussi interrogé des usagers-revendeurs, des acteurs socio-sanitaires, des policiers et des acteurs et experts des politiques publiques liées aux drogues, en France et au Québec. C’est dans ce cadre que j’ai rencontré Stéphanie, l’usagère-revendeuse qui possède cette boîte de tampons contenant de l’herbe de cannabis et des feuilles à rouler.

Stéphanie a 23 ans, elle est étudiante à Bordeaux. Elle a fumé son premier joint à 13 ans et a testé à 18 ans la MDMA, puis les champignons hallucinogènes. Elle fume du cannabis quotidiennement et en revend un peu, sur un modèle d’usage-revente. Quand Stéphanie sort faire la fête dans des boîtes de nuit ou en festival, elle cache son herbe et ses feuilles à rouler dans une boîte de protections hygiéniques, en misant sur le fait que les policiers ou les agents de sécurité n’oseront pas l’ouvrir :

« Quand ils me demandent d’ouvrir mon sac y a mes tampons et mes serviettes. Du coup ils sont très gênés, et ils fouillent jamais le reste (…) parce que ça les met mal à l’aise ».

Tous les usagers et vendeurs de drogues dissimulent les substances illicites qu’ils transportent, mais cette stratégie de dissimulation genrée est particulièrement intéressante car elle mobilise des objets rattachés au tabou du corps féminin (en l’occurrence, les menstruations). Tout ce qui évoque le féminin permet d’éloigner l’attention policière. Stéphanie l’a bien compris et en joue.

D’autres usagères-revendeuses développent des stratégies différentes. Elles sont nombreuses à performer leur genre, à travers leur apparence ou leur attitude, pour éloigner la menace répressive. Lorsqu’elles vont acheter ou vendre des drogues, elles s’habillent de manière féminine, portent des robes, des jupes, des chaussures à talons, mettent du rouge à lèvres car elles savent que plus elles correspondent au modèle de la féminité, et moins le regard policier se portera sur elle. Si elles entrent malgré cela en interaction avec des policiers ou des agents de sécurité, elles singeront l’innocence, la candeur, la séduction voire la bêtise pour correspondre à un stéréotype féminin de fragilité et de sexualité. Elles espèrent ainsi déstabiliser un policier qui se dira que la fille qu’il a en face de lui est, au choix, trop pure, trop stupide ou trop sexy pour transporter des drogues.

Ces stratégies semblent être efficaces, car au sein de l’échantillon aucune femme rencontrée n’a jamais été de problèmes avec la police conduisant à une garde à vue ou à la création d’un casier judiciaire, contrairement à plusieurs hommes interrogés. Les policiers interrogés reconnaissent cibler bien plus les femmes que les hommes, et ont intégré de nombreux stéréotypes de genre selon lesquels une femme n’a pas sa place dans le milieu des ventes et des usages.